L’Alsace du 30/04/15 : Amelle Faesch-Pellerin ; « Il n’y a pas de fin qui soit belle »

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Un sport, une ville, un territoire

L'Alsace du 30/04/15 : Amelle Faesch-Pellerin ; « Il n’y a pas de fin qui soit belle »

Après dix ans de bons et loyaux services à l’ASPTT Mulhouse-volley, Armelle Faesch-Pellerin a raccroché le 14 avril dernier. Victorieuse de la Ligue des champions avec Cannes (2002) et capitaine de l’équipe de France, Armelle présente l’un des plus beaux palmarès du sport alsacien.

Vêtue d’un legging et d’un pull, qui mettent en valeur un corps sculpté par près de vingt années de sport à haut-niveau, Armelle Faesch-Pellerin (33 ans) dégage toute la fraîcheur de la jeune femme épanouie. Il va falloir s’y faire… Le short, les genouillères, le survêtement qui accompagnaient sa vie de volleyeuse vont rejoindre le fond d’un placard pour offrir une nouvelle image. Une image qui correspond à la belle personne qu’elle a toujours été.

« Pour certains, on n’est pas loin de l’enterrement ! »

« J’avoue que je ne réalise pas encore, confie Armelle Faesch-Pellerin, deux semaines après son dernier match disputé face à Saint-Cloud. Le fait que mon projet de reconversion à la Mairie de Mulhouse ne soit pas encore arrêté et que j’aie repris le chemin du Palais des sports cette semaine, ne me permet pas encore de plonger vers ma nouvelle vie. En revanche, les nombreux messages que j’ai reçus m’ont beaucoup touchée et m’ont fait comprendre qu’il s’agit d’une fin. Pour certains, on n’est pas loin de l’enterrement ! »

Sobre et efficace dans son jeu, la meneuse de l’ASPTT Mulhouse et de l’équipe de France l’est aussi dans la vie. « Depuis que j’ai arrêté, je me lève toujours aussi tôt, mais je me couche un peu plus tard , poursuit la jeune retraitée. Jusqu’à présent, je m’interdisais beaucoup de choses et je m’efforçais de respecter mes heures de sommeil. J’évitais les soirées au resto et ne prévoyais rien pour les week-ends. Aujourd’hui, je me réjouis d’être disponible et de pouvoir partager du temps avec les gens qui m’ont portée durant ces longues années ».

La montée d’adrénaline qui précède les grands événements, la saveur des victoires ou « la honte » que génère la contre-performance sont autant d’émotions que la championne va devoir combler. « Je suis consciente qu’il n’est pas facile de tirer un trait sur ce qui a été mon quotidien durant 18 ans, avoue Armelle Faesch-Pellerin. Le plus difficile, c’est quand je me dis que la saison prochaine je ne ferai plus partie de ce monde qui a été toute ma vie jusqu’à présent. Depuis que j’ai arrêté, il y a davantage d’images qui défilent dans ma tête… Notamment celle de mes débuts à Cannes. Mon premier entraînement, là-bas, a été une séance de musculation au milieu de joueuses que j’admirais. Je voulais épater tout le monde en augmentant les charges que j’avais l’habitude de soulever. Et là, c’est Vica – Victoria Ravva – qui est arrivée pour me glisser à l’oreille : c’est bon… Calme-toi, tu as le temps ! »

« Je revois la dernière balle au Palais… »

« Je revois aussi la dernière balle au Palais, avec l’ovation du public, les caméras, les larmes. J’ai eu la chance d’aller dans des clubs où j’ai toujours appris quelque-chose et qui m’ont permis de grandir même dans la défaite. Ce qu’on ne réalise pas toujours sur le coup ! J’ai eu la chance d’être à Cannes pour la victoire en Ligue des champions (en 2002). J’avais 20 ans. Karine Salinas revenait à la passe et j’étais fan de Karine. Tout était beau et nous réussissait. Il m’a fallu beaucoup d’années et de recul pour apprécier l’importance que représente un titre en Ligue des champions ».

En attendant de plonger dans le monde du travail, du moins celui sans ballon, la championne vaque à des occupations plus ménagères pour confier avec humour et amertume, le nez dans une casserole, « qu’il n’y a pas de fin qui soit belle ! »

Témoignages

Le confrère handballeur

Mehdi Ighirri : « Une finesse incroyable »

Le demi-centre du Mulhouse Handball Sud Alsace Mehdi Ighirri a souvent croisé Armelle Faesch au Palais des sports, ou lors de soirées de gala réunissant les sportifs mulhousiens. Et s’il y a bien une chose qui réunissait les deux capitaines, c’est l’amour du beau jeu : « Armelle était une très bonne passeuse. J’ai eu l’occasion de la voir jouer en Coupe d’Europe ou contre Cannes. Malgré la différence entre le volley et le hand, on partage un peu le même poste, à savoir organiser le jeu. Et elle était vraiment très forte dans ce domaine, avec une finesse incroyable. Si Mulhouse a été au sommet durant toutes ces années, il le doit en partie à Armelle. Ça a dû être difficile pour elle de prendre cette décision Et j’avoue que c’est un moment que je redoute, même si à 29 ans il me reste encore 5 ou 6 saisons devant moi. Armelle a été une grande sportive, elle a apporté énormément au volley mulhousien et français. Tout ce que je peux lui dire, c’est ‘’Bravo pour ta carrière‘’. »

Le premier entraîneur

Jean-Marie Stattner : « Il n’était pas prévu qu’elle fasse du volley »

Joueur, dirigeant et entraîneur depuis 1974 à Saint-Louis/Neuweg, Jean-Marie Stattner (72 ans) a découvert Armelle Faesch alors jeune poussine : « Il n’était pas prévu qu’elle fasse du volley. C’était sa grande sœur Mélina qui jouait. Mais leur maman m’avait demandé si je pouvais aussi m’occuper d’Armelle. On s’entraînait alors dans l’ancienne chapelle de Neuweg. Comme Armelle avait deux ans de moins que le groupe, elle s’occupait souvent seule à jouer sur une poutre de gymnastique avant que je la prenne à part pour faire quelques échanges de balle. Et un jour, je l’ai emmenée à un tournoi. C’était au gymnase Montaigne où je l’ai laissée jouer dans l’équipe. Je savais déjà qu’elle avait un beau toucher de balle. Mais c’est là que j’ai découvert qu’elle avait aussi un sacré sens du jeu et qu’elle savait se placer naturellement sur un terrain. J’étais plutôt un initiateur dont l’objectif était de faire aimer le volley. Je pense qu’elle a appris davantage avec Raphaël Kilama qui l’a encadrée plus tard et qui a été son entraîneur jusqu’aux juniors ».

Le dernier entraîneur

Magali Magail : « On a grandi ensemble »

Entraîneur de l’ASPTT Mulhouse et de l’équipe de France, Magali Magail (37 ans) a partagé ses dix dernières saisons avec Armelle Faesch : « On a grandi ensemble… En fait, on est arrivé ensemble en 2005. Je me souviens quand je l’ai appelée pour la faire venir, elle était alors à Riom, elle m’a posé des questions pendant une heure sur la nature de mon projet. Elle correspondait au profil de joueuse que j’aimais bien. Elle était grande (1,83 m) à l’époque pour une passeuse et elle avait un bon sens du jeu. Elle était aussi Mulhousienne et nous avions le projet de faire revenir les Alsaciennes. »

La grande soeur

Mélina Faesch : « Elle me doit tout ! »

Dans la famille Faesch, avant qu’Armelle ne soit le talent que l’on connaît, la « star » était Mélina (36 ans), la sœur aînée aussi drôle que jolie : « C’est clair… Elle me doit tout ! Armelle était tellement fan de moi qu’elle m’accompagnait aux entraînements dans la vieille salle de la chapelle, en face de l’école Galilée à Saint-Louis-la-Chaussée. Elle était plutôt maigrichonne et avait deux ans de moins que nous. Elle était tellement peu épaisse que, plus tard, je pense que c’était à l’INSEP, les filles l’ont baptisée : Tas d’os ! »

Le sponsor

Christophe Rohmer : « L’identité parfaite de la sportive mulhousienne »

Patron du Squash 3000 et incontournable partenaire du sport mulhousien, Christophe Rohmer est le témoin privilégié des 3esmi-temps et autre prolongation de tie-break : « Armelle, c’est l’identité parfaite de la sportive mulhousienne. C’est une athlète exemplaire pendant et après les matches. Elle a le talent. Mais c’est surtout quelqu’un de très sympathique, d’accessible et d’agréable à l’image de ses parents. Elle a prêté son concours à l’organisation des championnats du monde de squash en assurant les relations publiques à l’accueil des VIP et toujours avec le sourire ! »

Le confrère footballeur

Raphaël Gherardi : « Au coup de sifflet final, j’en menais pas large »

Milieu de terrain du FC Mulhouse depuis deux saisons, Raphaël Gherardi (23 ans, le 1er juin prochain) est un de ces sportifs mulhousiens qui connaît Armelle Faesch sur et en dehors du terrain : « J’étais présent au dernier match d’Armelle. Je me devais d’y être parce que je savais que ça pouvait être son jubilé. Au coup de sifflet final, j’en menais pas large. Ouais j’étais ému. Quand tu es sportif, tu ressens ce genre de moment différemment je pense. Outre le fait que c’est une amie, Armelle est une athlète exceptionnelle. Quand tu gagnes une Ligue des champions et que tu as plus de 100 sélections en équipe de France, tu entres dans une catégorie d’exception. Sur le terrain, elle voyait vraiment le jeu avant les autres. Ça me fascinait toujours. Et quelque part ça me parlait parce que je joue un peu dans le même registre qu’elle. On aime tous les deux donner de bons ballons, jouer pour les autres. Certains m’ont dit que j’exagérais quand je la comparais à Zizou dans le football, mais je maintiens. Parce qu’elle était une volleyeuse surdouée et qu’en plus de ça, c’est une fille géniale en dehors du terrain. Elle est agréable, toujours souriante, humble. À titre personnel, c’est un modèle, tout simplement. »

Biographie

•Née le : 26 décembre 1981 à Mulhouse.

•Taille  : 1,83m

•Clubs successifs : Saint-Louis (de 1991 à 1998), INSEP (de 1997 à 1999), RC Cannes (de 1999 à 2002), Melun-Rochette (de 2002 à 2004), VBC Riom (de 2004/2005), ASPTT Mulhouse (de 2005 à 2015).

•Sélections en équipe de France  : 107 de 2006 à 2014

•Palmarès  : Championne de France juniors (1998), triple championne de France pro (2000, 2001, 2002), victorieuse de la Ligue des champions (2002), deux Coupe de France (2000, 2001).

Article signé Christian Entz