L’ALSACE DU 25/10/2018 : La folle soirée de Bojana

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L’ALSACE DU 25/10/2018 : La folle soirée de Bojana

La Serbe Bojana Markovic a vécu une soirée un peu particulière, mardi à Pale, en Bosnie-Herzégovine, où l’ASPTT Mulhouse a battu Jedintsvo Brcko (1-3) lors du 2e tour aller des qualifications de la Ligue des champions. Elle a joué devant ses parents, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps.

Bojana Markovic s’empare de la feuille de match qui traîne devant elle, jette un coup d’œil sur ses stats, et la repose, sourire aux lèvres, en s’adossant à son fauteuil. « Ah, ma mère va être contente, elle regarde toujours la même chose, le nombre de points que j’ai marqués (Ndlr : 16)  » , s’exclame-t-elle avec enthousiasme.

La meilleure marqueuse du match aller du 2e tour des qualifications de la Ligue des champions, remporté par l’ASPTTM contre Jedintsvo Brcko mardi soir à Pale, en Bosnie-Herzégovine (3-1), savoure le moment, installée dans le salon de l’hôtel des Mulhousiennes.

La Serbe de 28 ans, intégrée dans le six de départ et présente sur le terrain durant les quatre sets, a réalisé « un match correct » aux dires mêmes de Magali Magail, son entraîneur, qui estime qu’elle s’est comportée « en leader et a guidé l’équipe vers la victoire ». Cerise sur le gâteau, elle l’a fait devant son copain, ses parents, son frère, son cousin et l’épouse de celui-ci, venus de Belgrade ou d’Uzice pour l’encourager et passer un peu de temps avec elle.

« L’impression d’être à la maison »

« J’étais stressée parce que je ne voulais pas les décevoir et surtout parce que je n’ai pas l’habitude de voir mes parents dans les tribunes. La dernière fois qu’ils ont assisté à l’un de mes matches, j’étais encore au Stade Français, à Paris. C’était il y a longtemps, en 2013-2014 (Ndlr : lors de sa 2e saison en France) , et c’était déjà face à Jedintsvo Brcko. » La joueuse n’a finalement pas eu de mal à gérer sa nervosité : en bonne capitaine, elle s’est focalisée sur le groupe. « Je devais penser à mes coéquipières, notamment celles qui faisaient leurs grands débuts en Ligue des champions, avant de penser à moi. Les rassurer et les motiver m’a fait le plus grand bien. Ensuite, une fois que j’ai eu la balle en main, j’ai oublié tout le reste. »

La réceptionneuse-attaquante a même réussi à faire abstraction des sifflets de spectateurs qui se sont mis à manifester bruyamment leur soutien à Jedintsvo Brcko dans les 3e et 4e sets alors que l’équipe locale, dos au mur, tentait le tout pour le tout. « Ça ne m’a pas étonnée, ça se passe toujours comme ça dans les pays de l’Est. Je n’y fais pas attention. J’ai fait le job et laissé mes émotions de côté. »

La jeune femme a effectivement fait ce qu’il fallait, contribuant pour une large part au succès de l’ASPTT Mulhouse. « Je suis contente parce que Magali (Magail) a donné sa chance à toutes les filles ou presque (Ndlr : toutes ont joué, sauf la centrale Ciara Michel et la pointue Aurélia Ebatombo, blessée) et bien sûr parce que nous avons gagné. Après deux bonnes premières manches, nous nous sommes relâchées dans la 3e  : nous n’étions pas à notre niveau et avons relancé nos adversaires. Nous devons travailler là-dessus, parce que nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des moments de flottement comme celui-ci. Mais nous nous sommes reprises, c’est l’essentiel » , commente-t-elle en rappelant qu’elle avait demandé ses coéquipières de rester sur leurs gardes. « Je me doutais que les Bosniaques qui, contrairement à nous, s’entraînent tout le temps avec des ballons de la marque Mikasa (*) , allaient se battre jusqu’au bout et être très bonnes au service et en réception. »

Au moment de reprendre l’avion pour Mulhouse, hier en début d’après-midi, Bojana Markovic avait toujours le sourire. Elle ne gardera que de bons souvenirs de ces deux jours passés à Pale, petite ville située à une quinzaine de kilomètres de Sarajevo, où tout le monde parle serbe comme elle et où elle a été accueillie à bras ouverts.

« Quand je suis arrivée ici, lundi, j’ai eu l’impression d’être à la maison ! Je n’étais même pas fatiguée par le voyage tellement j’étais heureuse d’être là. Les gens que j’ai croisés à l’hôtel ou dans la salle m’ont dit que j’étais leur joueuse aussi, même si j’évolue dans une équipe française, et qu’ils étaient fiers de moi. » Il y a de quoi.

(*) En Ligue A féminine, les joueuses utilisent des ballons de la marque Molten.

 

Article signé de notre envoyée spéciale Sandrine Pays