L’ALSACE DU 25/04/2017 : Léa Soldner, au nom du père

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L'ALSACE DU 25/04/2017 : Léa Soldner, au nom du père

À l’instar de l’ASPTT Mulhouse, qui s’est sublimée collectivement pour venir à bout des individualités cannoises, Léa Soldner a effacé son vis-à-vis, Kotoki Zayasu, l’internationale japonaise, en demi-finale aller des play-offs, samedi. La revanche s’annonce explosive, demain 20 h 30, à Cannes.

Entre les Kloster, Savenchuk, Thomaz de Aquino, Bursac, Grbic et autres Calderon Diaz, les Cannoises présentent toujours un effectif digne de championnes de France qu’elles ont été à vingt reprises depuis 1995 avant d’avoir été détrônées, l’an dernier, par Saint-Raphaël.

La libéro Kotoki Zayasu, qui a disputé les Jeux Olympiques au sein de la sélection japonaise, correspond ainsi parfaitement à cette image prestigieuse que véhicule le RC Cannes. Pourtant, samedi dernier au Palais, c’est Léa Soldner, la « p’tite Mulhousienne » qui a régné et régalé le public par son engagement.

« C’était le pari de Magali, qui aime bien donner sa chance aux jeunes joueuses du cru »

Par rapport aux 91 sélections internationales de la Japonaise, à ses trois titres de championne du Japon avec Hisamitsu Springs (2013, 2014, 2016), le palmarès de la jeune postière sonne creux. Ses sélections se limitent aux équipes de France jeunes et son bilan professionnel est d’autant moins fourni qu’elle n’est titulaire chez les pros que depuis cette saison. Pourtant, samedi, lors de la demi-finale aller des play-offs, c’est elle qui s’est illustrée en défense et en relance dans un art qui est habituellement la marque de fabrique de l’Empire du soleil levant.

L’histoire de Léa Soldner et de sa première saison professionnelle a pourtant débuté dans la tristesse. C’est en mai dernier, pour son 20e printemps, que la jeune Kingersheimoise s’est vu proposer son premier contrat pro et le poste de libéro jusque-là occupé par l’ex-internationale Marielle Bousquet. « C’était le pari de Magali – Magail – qui aime bien donner sa chance aux jeunes joueuses du cru, explique Léa Soldner. Je ne la remercierai jamais assez… » Mais trois mois plus tard, le 14 août dernier, à l’aube de la saison, Léa Soldner perd son père, Bertrand, terrassé par une longue et cruelle maladie. Passeur de talent en championnat de France, il a été l’instigateur de la carrière de la jeune Mulhousienne. Et c’est encore lui qui a laissé en héritage cette force de caractère, dont Léa Soldner s’inspire, pour briller à haut niveau.

« Si je continuais sur ce rythme, j’étais bon pour le burn-out et le psy ! »

Très logiquement, la jeune libéro mulhousienne a été sollicitée par le nouveau sélectionneur national pour intégrer le collectif de l’équipe de France A

Elle n’en a pas moins décliné la sélection « pour ne pas péter les plombs, confie Léa Soldner. Il s’est passé ce qui s’est passé… Papa n’est plus là et cela a été très difficile à vivre. Magali – Magail – ne m’avait fixé aucune échéance et m’a même demandé de prendre mon temps avant de revenir. Plutôt que de rester à la maison, à me morfondre, j’ai préféré reprendre. Ce qui fait que, depuis le 20 août, je n’ai pas arrêté. Et là, une fois que la saison sera terminée, je vais avoir besoin de faire un break et le deuil de mon père. C’est ce que j’ai expliqué aux gens de la fédération et ils l’ont compris. Je ne fais pas une croix sur l’équipe de France mais je ne suis pas en mesure de m’investir pleinement pour elle. Quand je fais quelque chose, je le fais à fond. Je ne veux pas tirer sur la corde au risque de me blesser. De toute façon, si je continuais sur ce rythme, j’étais bonne pour le burn-out et le psy ! Le volley, c’est ma passion. Je ne voudrais pas en arriver à me dire : ‘’Ça me fait ch… d’aller aux entraînements’’ ! » Comme pour ses coéquipières, Léa Soldner veut aller au bout et le plus vite possible. Il reste deux victoires à chercher… À commencer par celle de demain, à Cannes, pour composter le billet pour la finale du 6 mai.

PLAY-OFF LIGUE A FÉMININE Demi-finales aller Le Cannet – Saint-Raphaël 3-2 ASPTT Mulhouse – Cannes 3-2 Demi-finales retour Saint-Raphaël – Le Cannet me. 20.00 Cannes – ASPTT Mulhouse me. 20.30 Match d’appui éventuel ASPTT Mulhouse – RC Cannes le 29/04 à 13.30 ; Le Cannet – Saint-Raphaël le 29/04 à 20.00

Article signé Christian Entz